Addiction Valais célèbre ses 70 ans !

Sion, 2.5.2024 – Allocation de bienvenue par Anne Lévy, directrice de l’OFSP, lors de la journée cantonale des addictions à Sion – La version orale fait foi.

Monsieur le conseiller d’État

Mme Gianadda

Monsieur Urben

Mesdames et Messieurs

Malheureusement, je n’ai pas souvent l’occasion de venir en Valais. Je me réjouis donc d’autant plus d’être ici aujourd’hui. J’aime fêter les anniversaires ! Et c’est justement pour cette raison que je suis là aujourd’hui : Addiction Valais célèbre ses 70 ans ! Un âge respectable, pour lequel je félicite vivement votre fondation. Mais je souhaite aussi féliciter le canton du Valais !

Car ce sont les cantons qui mettent en œuvre la politique en matière de drogues et d’addiction de la Confédération. Et cette politique nationale, vous le savez bien, comprend quatre piliers avec des mesures de prévention, de thérapie, de réduction des risques et de répression, ou réglementation.

Pourquoi donc féliciter le canton du Valais ? Parce qu’il y a beaucoup de choses qu’il fait bien.

Je reviendrai plus tard sur ce qui, à notre sens, fait encore défaut. Mais parlons d’abord de ce qui marche bien : Je souhaite souligner en particulier l’approche globale adoptée par la fondation Addiction Valais, qui est chargé de la mise en œuvre de la politique cantonale.

Elle s’inscrit dans le même esprit que la politique nationale en matière de drogue et d’addiction :

Elle est centrée sur l’addiction et ses conséquences. Et non pas sur une substance psychoactive particulière. Toutes les prestations sont regroupées au sein de la même institution, sur différents sites. Des offres ambulatoires et stationnaires. Adaptées aux besoins des bénéficiaires.

Le concept d’accompagnement est tout aussi progressiste : les personnes concernées sont fortement impliquées dans la construction de leur prise en charge. En plus elles sont accompagnées par le même spécialiste durant tout le processus de rétablissement. Ce spécialiste est chargé de coordonner les offres. Ce sont des approches largement reconnues. Des exemples à suivre.

Par ailleurs, Addiction Valais reconnaît que la problématique des addictions présente plusieurs facettes. La fondation tient compte des dimensions médicales, psychologiques et sociales de la maladie. Dans la droite ligne du modèle bio-psycho-social.

J’aimerais aussi mentionner qu’Addiction Valais reconnaît l’importance de la prévention. Je pense, par exemple, aux offres de conseil destinées aux entreprises. C’est un aspect important. Car plus on détecte tôt la consommation problématique de substances psychoactives, mieux elle peut être traitée.

La question du jugement moral représente un autre thème important. Dans ce domaine, de l’eau a coulé sous les ponts au cours des 70 dernières années. Pendant longtemps, on a estimé que l’alcoolisme ou la consommation de drogues reflétait une vie de débauche. Ou, simplement, un défaut moral. Aujourd’hui, grâce à la science, nous savons que l’addiction est une maladie complexe, qui entraîne des conséquences en cascade. Pas seulement pour la personne concernée, mais aussi pour son entourage direct et pour la société.

Pensez aux actes de violence commis par des personnes sous l’emprise de l’alcool ou aux accidents de la circulation dus aux drogues ou à l’alcool. Malgré cela, les problèmes d’addiction suscitent souvent, à tort, un sentiment de honte. Et dans les régions périphériques, il est particulièrement difficile de garder l’anonymat. Or cet aspect est parfois nécessaire pour que les personnes concernées se tournent vers les offres d’aide.

Et c’est là qu’intervient l’aide à bas seuil en cas d’addiction. À ce niveau-là, la fondation Addiction Valais fait tout juste : L’offre de consultation en ligne SafeZone.ch et les contacts par e-mail ou téléphone permettent d’accéder directement aux offres. Et en même temps ces services répondent aux défis de la topographie du canton. Ce type d’aide facile d’accès me semble être une excellente solution.

Ce qui est particulièrement réjouissant : C’est de voir que le canton du Valais est exemplaire pour protéger la jeunesse contre la publicité pour le tabac. Les Chambres fédérales sont toujours en train de débattre de la mise en œuvre de l’initiative « Enfants et jeunes sans publicité pour le tabac ». Le canton du Valais, lui, n’a pas attendu. L’année passée déjà, vous avez inscrit dans votre législation des dispositions strictes. Ici, la publicité pour le tabac est interdite. Que ce soit au kiosque, ou sur les affiches et les écrans publicitaires. Et comme on le voit : c’est possible !

En ce qui concerne l’alcool, la situation paraît différente : Les cantons d’Appenzell Rhodes-Extérieures et d’Uri ont introduit les restrictions de publicité pour l’alcool et de parrainage d’événements les plus strictes et les plus complètes de Suisse. En revanche, le Valais et 11 autres cantons n’ont pas de réglementation en la matière. Il est évident que les cantons viticoles ont, en général, plus de difficulté à agir dans ce domaine.

Il faut donc d’autant plus de courage et de persévérance pour prendre des mesures structurelles efficaces contre la consommation problématique d’alcool. Comme par exemple les achats tests. Et soyons honnêtes : souvent, des intérêts économiques favorisent la consommation excessive de substances. Surtout en ce qui concerne les substances légales comme le tabac ou l’alcool. Je pense à la publicité, l’absence de protection de la jeunesse, la disponibilité ou les prix très bas. Nous savons aujourd’hui qu’un prix élevé des cigarettes, par exemple, freine la demande. Surtout auprès des jeunes.

Parlons maintenant de la collaboration entre, d’une part l’OFSP et, d’autre part, les cantons, les communes et les organisations d’aide aux personnes dépendantes. Pour mieux soutenir les cantons, l’OFSP propose des canaux d’échange aux professionnels. Comme la Conférence des délégués cantonaux aux problèmes des addictions (CDCA) ou la Conférence des délégués des villes aux problèmes de dépendance (CDVD). Ou des tables rondes, qui favorisent l’échange intercantonal à propos des sujets actuels. Mais comme j’ai mentionné au début : La mise en œuvre de mesures incombe aux cantons.

Laissez-moi développer le propos avec un exemple concret. En 2022, Infodrog a publié un rapport sur la polyconsommation et l’abus de médicaments chez les jeunes. Le rapport a été commandé par l’OFSP, à la demande des cantons. Il constate, qu’à propos de la polyconsommation et l’abus de médicaments chez les jeunes, des mesures sont encore nécessaires : dans la prévention, la réduction des risques, le conseil, la thérapie et la collaboration avec les autorités chargées de faire appliquer la loi. Une autre conclusion du rapport est, que l’accès aux jeunes ayant une expérience de consommation fait largement défaut.

La mise en œuvre de ces recommandations incombe maintenant aux cantons. Par exemple en offrant des services de drug-checking aux jeunes.

Il va de soi que pour la mise en place de tels services, le canton du Valais peut collaborer avec des autres cantons.

Le drug-checking permet de toucher un public plus jeune, mieux intégré et pas toujours dépendant. Mais il y a aussi des personnes pour lesquelles la consommation de substances illégales est devenue quotidienne et incontrôlée. Celles-ci ont également besoin d’offres adaptées : Par exemple des centres d’accueil à bas seuil. Ceux-ci font encore défaut dans le canton du Valais. Dans ces lieux, la consommation de drogues peut être supervisée et les personnes accompagnées. Ça permet de réduire la souffrance individuelle et les conséquences multiples pour la collectivité.

Quand je travaillais pour la Ville de Berne, il y a 25 ans, j’ai souvent ramené des personnes dépendantes en Valais. C’est dommage. Car en soutenant la personne là où elle vit, les chances de rétablissement et de réintégration augmentent.

La Suisse est un petit pays. Justement, dans la politique en matière de drogues et d’addiction nous devrions davantage regarder au-delà des frontières cantonales. Récemment, la Haute école spécialisée de Lucerne a examiné les interactions intercantonales au niveau national.

Le Valais y apparaît comme un « canton autosuffisant ». En même temps, le Valais participe aussi à des projets nationaux, comme SafeZone.ch. Et il s’implique dans les réseaux d’échange nationaux.

C’est formidable ! Car c’est comme ça que la politique en matière de drogues et d’addiction peut fonctionner dans un état fédéraliste : en trouvant le bon mélange entre coopération et autonomie. Et c’est sur cette voie, qu’il faut continuer !

Je vous remercie chaleureusement pour vos 70 ans d’engagement !

Informations complémentaires

Stratégie Addictions

La stratégie nationale Addictions vise à prévenir l’émergence de maladies liées à l’addiction, à apporter une aide aux personnes présentant une addiction et diminuer les conséquences négatives pour la santé et la société.

Plateforme de coordination et de services dans le domaine des dépendances

Créé en 1996 par le Conseil fédéral, la Plate-forme de coordination et de services dans le domaine des dépendances (KDS) est chargée d'ancrer la politique des quatre piliers dans toute la Suisse.

Stratégie nationale Prévention des maladies non transmissibles (MNT)

Un mode de vie sain peut limiter les maladies non transmissibles et leur conséquences. C’est là qu’intervient la stratégie MNT.

Plateforme des partenaires prevention.ch

prevention.ch est la plateforme globale d’information et d’échange dans le domaine de la promotion de la santé et de la prévention. Elle met en réseau des professionnels et assure la liaison entre les domaines des addictions, de la santé psychique et de la prévention des maladies non transmissibles.

Dernière modification 07.05.2024

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