Morges, 15.11.2024 – Opening address by Anne Lévy, FOPH Director, at the «Journées romandes addiction» on 14 and 15 November, Morges – Check against delivery.
Madame la conseillère d’Etat
Mesdames, Messieurs
Chers experts, venu du monde entier
Je me réjouis beaucoup d’être ici et de fêter les 60 ans du GREA avec vous.
Comme on le dit si bien : Rome ne s’est pas faite en un jour ! Cela vaut également pour le Groupement Romand d’Etudes des Addictions, GREA. Ses plus de 450 membres ne se sont pas regroupés en un jour non plus.
Si le GREA compte autant aujourd’hui, c’est grâce à sa longévité. Mais pas seulement. Fondé en 1964 sur le besoin de trouver des réponses pluridisciplinaires au problématiques liées à l’alcool – le GREA était déjà bien établi au début des années nonantes.
C’était une époque marquante.
La Suisse se retrouvait confronté à deux graves crises de santé publique. L’épidémie de sida et les risques encourus par les personnes qui s’injectaient de l’héroïne. Je parle notamment des scènes ouvertes de la drogue. Visibles surtout dans les grandes villes suisse-alémaniques mais aussi dans quelques grandes villes de la Suisse romande.
La Suisse – vous le savez bien – a choisi de réagir à la gravité de cette situation avec une approche qui lui est propre. Elle consistait à soutenir les initiatives des personnes qui s’engageaient au plus près des consommateurs et consommatrices – et – des autorités communales. Le résultat: une politique nationale de drogues des quatre piliers ou la prévention, la thérapie, la réduction des risques et la répression agissent de concert.
Plus tard, en 2017, le pilier répression a été transformé en régulation. Ceci avec la mise en route de la stratégie nationale Addictions, dont GREA est un partenaire important. Pour son développement et sa mise en œuvre.
Ce n’est donc pas seulement son âge mais surtout l’expertise riche et transversale du GREA et de ses membres, qui en fait un partenaire clé. Pour les cantons romands, ainsi que pour l’Office fédérale de la santé publique. Merci à vous toutes et tous !
Le GREA est un partenaire, qui agit comme relais entre les différents experts du terrain, la politique, l’administration et la population. Un partenaire, qui porte ses messages avec force et conviction. Dès sa création le GREA a joué un rôle important. Sur le terrain, dans la prévention des addictions et dans l’aide aux personnes souffrant d’addiction.
Ainsi, comme plateforme d’échange, en mettant à disposition des informations et connaissances et en veillant à la mise en réseau des différents acteurs. Par ailleurs, le GREA organise de nombreux colloques et propose des formations reconnues dans le domaine des addictions. Membre de l’International Drug Policy Consortium, le GREA apporte également des réflexions et des expériences internationales aux débats suisses.
En plus, le GREA a démontré sa capacité d’initiative et d’innovation en temps de crise, durant la pandémie du Covid-19. Je pense ici par exemple aux recommandations pour les usagers de drogues, publiés très tôt, en mars 2020. Ou au soutien du lancement du programme « réduction de risque par poste ». Avec pour objectif de mettre à disposition – par voie postale – du matériel stérile aux personnes qui en avaient besoin.
Merci et bravo pour votre engagement et pour votre travail remarquable !
Parlons maintenant, de ce qui a changé, depuis la création du GREA. Pendant trop longtemps, on a estimé que l’alcoolisme ou la consommation de drogues reflétait une vie de débauche. Ou, simplement, un défaut moral.
Aujourd'hui, grâce à des nombreuses études scientifiques, l'addiction est largement reconnue comme une maladie. Une maladie complexe, certes, qui entraîne des conséquences en cascade. Pas seulement pour la personne concernée, mais aussi pour son entourage direct et la société. Une maladie, qui ne se limite pas à la consommation problématique des substances psychoactives. Aujourd’hui on prend également en compte les addictions comportementales, comme par exemple les jeux d'argent ou les jeux vidéo problématiques.
Le GREA affiche un âge respectable, mais il est plus que jamais dans l’air du temps : Vous êtes un partenaire important, qui pense large. Votre travail lui aussi, couvre toutes les formes d’addictions et essaye de trouver des bonnes solutions pour les personnes concernées. Nous apprécions beaucoup votre engagement et votre expertise largement reconnu au sein des spécialistes de l’addiction.
Une autre dimension est celle des nouvelles substances psychoactives ou des nouvelles formes de consommation. Je pense par exemple à l’augmentation de la consommation de crack en Suisse. Une substance, qui rend très vite très dépendant. Et pour laquelle, contrairement à l'héroïne, il n'existe pas encore des thérapies établies en cas d’addiction.
L’expérience des experts le confirme : La politique des quatre piliers est efficace même si de nouvelles substances apparaissent. Mais nous ne pouvons pas nous arrêter là.
Il faut veiller à ce que les interfaces entre les quatre piliers fonctionnent bien. Et il faut tenir compte du fait que la population demande un bon équilibre entre le besoin de sécurité dans l’espace publique et le soutien socio-sanitaire aux personnes qui souffrent des conséquences d’une addiction au crack. C’est pour ça qu’il faut continuer à bien collaborer et dialoguer avec tous les acteurs concernés.
C’est pour cette raison, que l’OFSP a organisé deux tables rondes sur la problématique du Crack en février et juin 2024. Réunissant des experts du terrain et des administrations cantonales et communales.
L’expertise du terrain et celle du GREA le confirment : une dépendance au crack s'accompagne souvent d'une perte rapide du logement et de l’emploi. Les personnes se retrouvent sans domicile fixe. Ce qui renforce encore les risques pour leur santé. Il faudrait pouvoir proposer à ces personnes des logements accessibles, à bas seuil. Et ce qui est particulièrement important : Les interfaces entres les différentes offres doivent également être accessibles et ne pas représenter des obstacles supplémentaires vers la prise en charge.
Parfois, dans un premier temps, il faut avant tout une aide à la survie. Lorsque des centres d'hébergement d'urgence sont mis en place, que les besoins de base sont satisfaits, l’accès aux soins médicaux est garanti, une structure de jour – et plus tard - des programmes d'occupation sont proposés, cela contribue à stabiliser l'état de santé des personnes concernées. Toute la société en profite. Par exemple, parce que cela désengorge l'espace public et que la population se sent plus en sécurité.
Les tables rondes ont également mis en évidence que les expériences des villes et des cantons concernés ainsi que celles des experts de terrain sont très précieuses. Nous sommes donc très reconnaissants quand de nouvelles approches sont testées dans les villes, les cantons, les régions, afin d'améliorer la santé des personnes.
Le GREA joue ici un rôle important. Hier. Aujourd’hui. Et demain. Autant dans la formation de l’opinion, que sur le chemin vers l’acceptation. C'était d'ailleurs déjà la clé du succès lors de la crise de l'héroïne dans les années 1980 : à l'époque, c'étaient précisément les villes les plus touchées qui ont cherché et expérimenté de nouvelles solutions et qui ont ainsi rendu possible la politique des quatre piliers.
En Suisse – vous le savez bien – ce sont les cantons, qui mettent en œuvre la politique en matière de drogues et d’addiction. La Confédération veille aux nouveaux développements et met à disposition des connaissances. Ceci ensemble avec Infodrogue.
Pour mieux soutenir les cantons l’OFSP propose des canaux d’échange aux professionnels. Outre les tables rondes déjà mentionnées, deux autres organisations sont importantes.
- la Conférence des délégués cantonaux aux problèmes des addictions
- et la Conférence des délégués des villes aux problèmes de dépendance
Heureusement, la collaboration avec les villes et les cantons ainsi qu'avec des organisations professionnelles comme le GREA se passe très bien.
Je vous en remercie beaucoup !
L'évolution de la politique en matière des addictions et de dépendances reste un processus d'apprentissage et d'adaptation permanent.
La Suisse est un petit pays. Profitons-en !
Je pense que nous pouvons apprendre encore d’avantage les uns des autres et renforcer la collaboration au-delà des frontières linguistiques. Comme par exemple dans le développement national de la plateforme de consultation en ligne sur les dépendances, SafeZone.
Le tout c’est : d’échanger, de partager.
Comme vous le faites si bien au sein du GREA !
Merci !
Last modification 03.12.2024
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